Il a The Voice, il y a la Nouvelle Star et puis il y a la Rue.
Une énorme natte tressée de dreadlocks qui tombent jusqu’aux genoux, un pantalon ample et des mains qui se baladent sur un accordéon.
Comme un impressionniste fait naître un paysage sous son pinceau, la voix et l’accordéon de cette artiste que je croise ce matin font naître en moi une émotion intense et rare. Le tableau est devant mes yeux, bien réel et vivant. Fulgurant.
Il faut se méfier des apparences… Les dreadlocks disparaissent vite sous une voix puissante et haute de goualeuse des années d’après-guerre. Cette fille, cette artiste, posée bien droite là, à l’angle d’une rue de Lourmarin jette un oeil discret à chaque morceau à son petit bout d’homme qui écoute sa mère, serein, installé dans la housse de l’accordéon.
L’artiste fait vibrer les notes aussi fort que vibrent le coeur et l’âme de chaque passant.
Sa voix transporte, heurte, virevolte et émeut. C’est Piaf et Barbara et Frehel réincarnées dans cette nana dont la voix interpelle et vous retourne les tripes. Personne n’est indifférent. Elle est bouleversante de sincérité. Elle est bouleversante tout court.
Il est de ces moments précieux où, au détour d’une rue et loin des projecteurs, le talent vous claque à la figure.
Merci Elodie Funès.
Bénédicte Jeandeaud
(c) Neal Badache